Partir.
Y aller…. Partir, se promener, sortir, faire ses bagages, les avoirs déjà fait, pour ….s’en aller…
Je dois y aller. Comme un coquelicot dévêtu de ses pétales, comme un monde défait de ses frontières, comme un coup de tonnerre privé de ses éclairs, comme un rire qui joue la grimace. Je dois y aller…Quatre mots qui se donnent la main plumée pour cingler le visage, bourdonner dans les tympans, serrer les veines et qui aspirent en silence censuré, le sang de tout le cœur. Oui, je dois y aller.
Je dois, je suis obligé, je n’ai pas le choix, c’est la vie, mais quelle vie, celle que l’on choisi, celle qui nous est imposée? Celle de la convenance, celle des interdits, des pressions, des oppressions, des ruptures et fuites. Je dois, c’est mon devoir, une question de responsabilité, de mesure, de timing, de seconde, comme si la vie était rythmée par des rencontres instantanées d’au revoir anticipés.
Je dois y aller. Comme une larme cachant sa vérité amère, comme un sanglot qui retient un galop imprévu, comme une goutte qui ne sait vers quelle parcelle de peau glisser. Je dois y aller… Rien ne remplacera le silence de cette phrase abrupte et sans appel, et le monde peut s’écrouler. Oui, Je dois y aller.
Je dois, c’est un fait, un perce oreille, un perce cœur, perce la vie, et l’illusion d’un temps impossible à arrêter. Mais je décide de mettre sur « stop » la bande son, j’installe une barrière imaginaire au présent, et je coupe l’avenir pour une seconde, déjà trop longue pourtant à tenir suspendue.
Je dois y aller. Comme une voix qui cri du silence au silence, comme une mer vierge, privée de ses navigateurs, comme un enfant perdu dans un magasin de bonbons en plastique. Je dois y aller…Quatre bruits qui tranchent, qui découpent un cœur sans défenses, pour finalement ne laisser à celui-ci, que le choix d’accepter silencieusement et sans rébellion, les trous béants d’une bataille invisible. Oui, je dois y aller.
Je dois y aller, c’est la fatalité d’un temps que l’on n’a jamais su faire taire, que l’on a vénéré, sublimé par les changements de couleurs du soleil levant et couchant. Ce sont toutes ces photos que l’on prend pour ne pas oublier qu’on l’a passé, qu’on y était. C’est toutes ses odeurs qu’on tente d’enfermer dans un mouchoir en papier. Ce ne sont finalement que ces subterfuges qui nous permettent d’y survivre, laissant comme une porte ouverte entre le passé et l’avenir.
L’avenir….C’est revenir
Revenir … déplier les bagages, sortir d’un train, précipiter ses pas, ouvrir ses mains pour…un retour…
Je reviens. Comme une musique adorée qui reviens à la mémoire, comme si on découvrait enfin le soleil, après une vie sur la lune, comme si le monde entier nous applaudissait, comme si chacun de nos pas semaient de l’or. Oui, je reviens.
Revenir… retrouver les couloirs, atteindre enfin cette porte tremblotante d’impatience, mettre la main sur la poignée rêvée … du retour.
Je reviens. C’est une promesse, une récitation que l’on doit apprendre, croire, réviser, boire cul sec jusqu’à s’en rendre ivre, chaque seconde de plus d’un… je dois y aller.
Météo: Qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il vente, tant que le temps nous permette ce retour !
joaluna